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#15# EQUATEUR, de Cuenca, la cordillère des Andes à l’Amazonie

#15# EQUATEUR, de Cuenca, la cordillère des Andes à l’Amazonie

Le 13 février 2019

#15# EQUATEUR, de Cuenca, la cordillère des Andes à l’Amazonie

Nous quittons Riobamba et le volcan Chimborazo sous la pluie et le froid, c’est la saison 😊. Huit heures de bus plus tard en pleine cordillère des Andes, nous arrivons à Cuenca.

Cuenca, la ville coloniale

C’est la troisième ville d’Equateur, elle est située à 2 500 mètres d’altitude. Nous arrivons également sous une pluie battante ! Sortie de la gare routière, aucun taxi ne veut nous escorter au motif que nous sommes bien trop chargés. Nous n’en parlons pas souvent mais le tour du monde est fait aussi de moments difficiles où nous sommes fatigués et où tout se complique ! L’arrivée à Cuenca se teinte d’agacement et on pense à la chanson de Barbara : il pleut sur Nantes !

Arrivés à l’appartement que nous avons réservé, les choses s’arrangent et le soleil revient ! Fredy, notre hôte, nous accueille avec un grand sourire : « je suis heureux de vous rencontrer ! ». Il veut absolument nous présenter à sa famille et plus précisément à sa mère. Nous le connaissons à peine, nous sommes épuisés et pourtant nous acceptons, pourquoi ? Vivre un tour du monde c’est vivre à fond tous ces moments de rencontres précieuses avec tous ces gens qui nous hébergent, avec qui on partage leur repas, un café. Nous rencontrons d’autres cultures, d’autres croyances, d’autres peuples, d’autres familles, d’autres sociétés ! Bien souvent, nous devons répondre à cette question : « Mais pourquoi faire un tour du monde ? », pas toujours facile d’expliquer. Mais là – à brûle pour point- on dirait pour l’espoir et pour la rencontre de l’Autre !

Un peu d’histoire…

Cuenca est une ville à l’architecture coloniale. Cependant, son histoire remonte à bien avant la conquête de la ville par les Espagnols, au XVIème siècle. Au VIème siècle, c’est la civilisation cañari, des Amérindiens, qui a fondé ce qui allait devenir plus tard la grande ville de Cuenca. A cette époque, Cuenca n’était encore qu’un village, du nom de Guapondeleg, ce qui signifie dans la langue cañari que ce territoire serait « aussi grand que le paradis ». Ensuite, cette terre a été conquise par les Incas qui ont renommé la ville « Tomebamba », en la faisant devenir la deuxième capitale de leur empire.

Après la conquête par les Espagnols, la ville a obtenu son indépendance en 1820. En 1999, la ville devient patrimoine mondial de l’Humanité grâce à l’UNESCO. Cette ville a été le berceau de nombreux écrivains, poètes et intellectuels équatoriens.

Les belles façades coloniales, dominées par la couleur blanche ont été construites en marbre. Au détour des rues pavées, nous avons découvert de belles cathédrales, et avons basculé quelques siècles en arrière. Cette ville regorge d’églises, de style colonial dont la Iglesia Carmen de la Asuncion, la Iglesia Corazon de Jesus, la Iglesia San Francisco et celle de San Alfonso. Nous reconnaissons la beauté de l’architecture coloniale. Les édifices religieux de Cuenca sont les plus beaux que nous ayons visités depuis le début du voyage !

Notons tout de même que l’évangélisation pratiquée par les Espagnols s’est faite au détriment des croyances animistes des peuples indiens. Avec la colonisation l’Amérique devient espagnole ! La présence missionnaire fait partie intégrante de la conquête de l’Amérique centrale et méridionale : les Espagnols ne conçoivent pas la mise en place d’une administration espagnole sans y inclure les institutions cléricales. Il s’agit des franciscains en 1502, puis des dominicains et enfin des jésuites en 1568. L’évêque de Lima, Turibio de Mongrovejo, préside en 1583 un concile qui définit les grandes lignes de la pastorale missionnaire et de l’organisation de l’Église dans les possessions espagnoles de l’Amérique du Sud. On y décide de traduire le catéchisme en quechua et en aymara.

On interdit alors aux indiens tout retour à leurs croyances antérieures, animistes sous peine de sanction ! On a parlé de politique de table rase pour signifier que les missionnaires espagnols ont à la fois ignoré et éradiqué toute manifestation religieuse antérieure à leur arrivée. Notons tout de même que le prêtre Bartolomé de Las Casas en 1512 s’est opposé aux exactions des colons vis-à-vis des indiens dès 1514.

 

Yantzaza

10 heures de bus depuis Cuenca et nous voilà au bord de la forêt amazonienne à Yantzaza. Quel drôle de nom ? Nous découvrons ce grand village rural en plein développement traversé par l’impressionnant rio Zamora qui rejoint plus loin l’Amazone. Ici nous sommes les seuls touristes. Dimanche, le gérant de notre hotel nous emmène faire le tour des environs et tout spécialement dans la nouvelle parcelle qu’il vient d’acheter. On découvre qu’il utilise aussi les bienfaits des microorganismes de montagne qu’il cultive dans des grands fûts. Encore un de plus dans le club 😉. Les petites boutiques de la ville vendent à peu près tout même des têtes rétrécies en peau de singe, tradition des shuars, les communautés de l’Amazonie. Yantzaza, c’est aussi le moment de se faire une petite coupe pour Louis et surtout Stéphane qui prendra le modèle dessiné sur le mur de la peluqueria 😊.

Balade en Amazonie

Ce matin, il pluviote mais nous sommes bien motivés à marcher en Amazonie, depuis le temps qu’on attend ça. Nous commençons la randonnée avec nos imperméables sillonnant entre les gigantesques arbres. Nous traversons de nombreuses cascades et grottes où s’abritaient jadis les communautés. Le chemin est parfois très rétréci et ça glisse pas mal aussi 😊. La fin de la randonnée est récompensée par une banane plantain braisé au fromage !?! Surprenant mais ça cale bien !

Apeosae, la coopérative des producteurs de bananes, à Yantzaza

Yantzaza, c’est aussi la base de la coopérative APEOSAE, qui rassemble 160 producteurs de bananes plantains de la région. La coopérative a investi dans une usine pour fabriquer des chips de banane emballées dans des sachets qu’elle vend essentiellement en France à la Scop Ethiquable où travaille Stéphane. Après une présentation mutuelle, toute la famille s’équipe de masque et charlotte pour la visite de l’usine. C’est une découverte pour les enfants qui suivent tout le processus de la fabrication des chips : contrôle du taux de sucre des bananes à réception à l’aide d’un réfractomètre (Esteban a désormais une bonne expérience 😊), pelage des bananes, découpage en tranche fine, lavage à l’eau, cuisson à l’huile, séchage dans un tunnel, ensachage…pas si simple ! Désormais ils regardent chaque chips différemment avant de la grignoter ! Merci à toute l’équipe d’Apeosae pour leur accueil chaleureux 😊.

Apecap, la coopérative des producteurs de café, à Palanda

Le lendemain, 6h de bus plus tard, on arrive au village de Palanda au Sud de l’Equateur pour visiter Apecap, une coopérative de producteurs de café partenaire de la Scop Ethiquable depuis 10 ans. Comme l’habitude, notre petite séance vidéos et photos pour la promotion du label de commerce équitable SPP (Symbole des Producteurs Paysans) a beaucoup de succès. Chacun veut témoigner des avantages procurés par le SPP. Nous arpentons les parcelles de café en pente dans la boue pour trouver la meilleure prise de vue ! De bonnes parties de fous rires à raconter !

Jusqu’à la frontière du Pérou

Depuis quelques jours, nous nous dirigeons vers le Pérou. Nous souhaitons passer par une frontière alternative, celle de la cordillère via des pistes en terre. Nous y sommes déjà bien engagés alors que des pluies diluviennes s’abattent en chemin provoquant des nombreux éboulements parfois très impressionnants. La route est bloquée à plusieurs reprises : il faut soit pousser le bus qui s’est embourbé, soit attendre un moment que les bulldozers retirent les rochers et la terre, soit faire demi-tour au village le plus proche et repartir le lendemain. Pendant les attentes aux stations de bus, les écolières veulent toutes se prendre en photo avec Louis et Esteban 😉 qui se prêtent à l’exercice. Finalement, au bout de quelques jours et pas mal d’heures de bus, on arrive enfin à la mini frontière avec le Pérou. On traverse à pied le pont surplombant le majestueux rio Canchis qui sépare les deux pays…

La suite dans le prochain épisode de la Permaculture Family

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Saludos

 

La Permaculture Family

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