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#8# EL SALVADOR, paix et sérénité

#8# EL SALVADOR, paix et sérénité

Le 8 novembre 2018

#8# EL SALVADOR, paix et sérénité

Passage de frontière terrestre GUATEMALA/ EL SALVADOR
Nous saluons le Guatemala et remercions le pays pour la richesse culturelle et de son patrimoine, pour la beauté de ses paysages, pour son hospitalité. Alexa ne s’attendait pas à une expérience aussi intense sur le plan sportif, culturel et humain ! Deuxième passage de frontière terrestre pour la Permaculture Family : nous sommes moins inquiets et plus à l’aise même si cela reste un moment intense !
Nous voilà à El Salvador. Et oui ce petit pays fait partie d’un petit groupe de pays à particule inséparable : « El » qui signifie « Le » en français !

CALUCO : un peu de repos
Vient pour nous le temps du repos et de l’écriture. Au Guatemala, tout était intense et trop occupés à vivre l’expérience guatémaltèque, nous n’avions pas pris le temps d’écrire ! Nous passerons donc 4 jours à Caluco près du volcan Santa Ana dans la maison de campagne d’Ernesto, un ami de Stéphane. Villa Quinta Verde dispose d’un grand jardin arboré et d’une piscine, lieu idéal pour les jeux en famille, le tri des photos/vidéos, l’écriture des articles et un peu de repos aussi. Nous apprécions cette pause. Nous savons que l’aventure va être intense au Honduras, il faut reprendre des forces. Louis et Esteban reprennent leur devoirs (5 à 6 h par jour). Nous vivons au rythme du soleil : lever 5h et coucher 20h. Avant le coucher du soleil, nous sortons de la villa pour arpenter le joli village de Caluco situé près du volcan de Santa Ana. C’est l’occasion de discuter avec les habitants dans les petites boutiques, dans les rues et dans les petits restaurants. Notre repas préféré, c’est le plat national : la pupusa ([poupousa] en français) et le jus d’oranges pressés glacé, c’est la pleine saison.
Caluco est aussi le premier village du pays à avoir cultivé le cacao. Nous avons participé à la feria du cacao qui se tenait au parque central (grande place du village).

San Salvador, la capitale et ces volcans
A la capitale, nous logeons chez la maman de Ernesto et de son frère Rodrigo qui est aussi un ami de Stéphane mais qui habite en France. C’est ici que nous retrouvons Alexandro FLORES (Alex), le directeur de APRAINORES, la coopérative de producteurs de noix de cajou que nous irons visiter plus tard. Durant la fin de semaine, Alex nous fait découvrir le lac de Coatepeque puis le volcan San Salvador et son cratère qui domine la capitale. L’ascension s’effectue principalement en voiture puis 15 minutes à pied pour terminer ! Beaucoup plus facile que le volcan Acatenango au Guatemala ! Nous admirons aussi le centre-ville de San Salvador : la place de l’indépendance (1821) et la cathédrale de San Salvador où repose le corps de Monseigneur ROMERO assassiné en 1980.

Focus sur les 12 ans de guerre civile de El Salvador : 1980- 1992
En 1979, la guérilla éclata dans les villes et les campagnes. Les paysans se révoltent contre le parti en place pour dénoncer la misère et exprimer leur désarroi : débute ainsi 12 années de guerre civile. Un cycle de violence s’installe : les escadrons de la mort d’extrême droite font des milliers de victimes. En 1980, l’archevêque de San Salvador, Oscar ROMERO est assassiné à cause de son opposition à la violence et de son appel à un compromis dans la guerre civile qui déchire le pays. Msg ROMERO s’était préalablement attiré les foudres des groupes paramilitaires d’extrême droite par son opposition aux arrestations arbitraires. Son engagement pour les plus démunis et ses appels à la non-violence étaient trop pour les extrémistes de droite. Sa campagne pour les droits de l’homme dans la terrible guerre civile qui ravage El Salvador lui vaut plusieurs reconnaissances internationales : héros de la nation, martyrs, nomination pour le prix Nobel de la paix et enfin sa canonisation en octobre 2018 !

Ici la plupart des quartiers traversés, appelés les « colonias » sont « bouclés » : grilles, gardiens armés et comme à Mada, la culture de la peur : « faites attention, ne sortez pas seuls, soyez sur vos gardes ! ». Evidemment, avec le taux d’homicide le plus élevé au monde (70 pour 100000 habitants avec pour référence la France à 4 pour 100000), le pays ne bénéficie pas d’une bonne image. En fait, la plupart des assassinats ont lieu entre les gangs armés rivaux, appelés « maras » en lien avec le transfert de stupéfiants entre la Colombie et les USA. Mais tout s’est bien passé et sans peur, le cœur ouvert, nous avons découvert des gens chaleureux qui nous ont accueilli et guidé tout au long du périple salvadorien.

Le lendemain, nous partons dormir au plus sommet du pays : Cerro Pital à 2730 mètres d’altitude. Première partie en voiture, ça grimpe beaucoup jusqu’au gîte dans la forêt tout là-haut dans les montagnes, température 5°C, sans chauffage, sans eau et électricité suite à une coupure générale dans le village ! Diner aux chandelles avec pupusas queso/frijol (fromage/haricot) comme d’habitude ! Debout 6h pour l’ascension finale jusqu’à un célèbre tronc d’arbre (!) qui est en fait une des frontières secrètes avec le Honduras ! Deux grands rochers se font face et sont reliés par un immense tronc d’arbre couché encore vivant ! Alex nous explique que c’est le passage qu’utilisaient les guerrilleros pendant la guerre civile pour passer d’un pays à l’autre. N’en reste pas moins une magnifique promenade  dans une forêt remplie de plantes épiphytes dont les d’orchidées miniatures.

Le pays des anacardiers
Ce matin, Alex nous emmène visiter APRAINORES la coopérative de producteurs de noix de cajou certifiées bio et commerce équitable SPP (Símbolo Pequeños Productores). L’usine est située à San Carlos de Lempa, 200 km de San Salvador. Nous commençons d’abord par la visite de plusieurs parcelles d’anacardiers situées sur l’île de Montecristo sur le delta du Rio Lempa. Après 15 minutes de pirogue à moteur à travers la mangrove, nous débarquons dans le sable. Les producteurs nous font découvrir ces arbres magiques qui produisent les fameuses noix brutes de cajou qu’il faudra ensuite transporter en bateau jusqu’à l’usine pour les décortiquer.
Retour à l’usine pour la suite du process ! Les noix brutes sont cuites à la vapeur dans un autoclave pendant 45 minutes, puis séchées à l’ombre sur une aire bétonnée. Ensuite chaque noix brute est ouverte par un opérateur à l’aide d’une machine manuelle. La noix sortie de sa coque passera au four pendant 4h à 80°C pour décoller la pellicule rosée. Pour finir, une équipe de 25 femmes retire la pellicule ainsi que les imperfections des noix de cajou une par une à l’aide d’un petit couteau. Un travail long et minutieux qui impressionne les enfants 😉. Effectivement on ne regardera désormais plus de la même façon la noix de cajou de l’apéritif qu’on grignote en 3 secondes. APRAINORES donne du travail à 70 personnes (essentiellement des femmes) en zone rurale. Bravo !

Projet de protection des tortues : Isla Montecristo
Le lendemain, nous retournons sur l’ile Montecristo pour une autre découverte cette fois-ci. Après 30 minutes de pirogue, nous débarquons sur une plage. C’est le biologiste du projet qui nous accueille. Il est content de nous voir car il est seul et les visites sont rares. Ici l’idée du projet de l’ONG hollandaise est de protéger les tortues marines en mettant à la mer le maximum de bébés tortues à leur naissance en les protégeant de leurs prédateurs : les animaux et l’homme !
Nous sommes tous assis dans le sable à attendre le petit trésor… et puis d’un coup, elles arrivent : 500 bébés tortues répartis dans trois bassines ! Nous pouvons les observer et même les toucher. Les enfants leur donnent des noms et essaient de réanimer les plus faibles. Il faudra attendre le coucher du soleil pour libérer tout ce petit monde 😊. Nous allons nous souvenir de ce moment très longtemps !
Les 5 km de plages de l’île Montecristo accueillent chaque année 3000 tortues marines qui viennent pondre chacune une centaine d’œufs dans le sable durant la nuit puis repartent immédiatement le travail accompli et cela une seule fois par an. Dans la nature, les œufs éclosent 45 jours plus tard mais les bébés tortues sont livrés à eux même. Ils doivent sortir de leur œuf, remonter jusqu’à la surface de la plage puis « courir » le plus vite possible à la mer (environ 10 à 30 mètres) avant d’être mangé par un oiseau ou un crabe. En moyenne, 1 tortue sur 100 atteindra l’âge adulte. Grâce au projet, la moyenne monte à 5 !!! Le biologiste parcourt chaque nuit les 5 km de plage, déterre les œufs des tortues fraichement pondus puis les ramène dans un sac sur son dos jusqu’à la nursery artificielle où il replante les œufs du nid dans un périmètre grillagé, protégé des prédateurs. Les bébés tortues n’ont plus à s’inquiéter car à leur naissance c’est le biologiste qui prendra soin d’eux et les relâchera chaque soir sur la plage pour rejoindre tranquillement la mer et surtout pour qu’elles reviennent pondre sur cette même plage dans quelques années. Une très belle histoire qui a beaucoup plu aux enfants…et aux grands aussi 😊!

Les premiers grains de la récolte du café : la finca biodinamica de notre ami Ernesto
Avant de quitter El Salvador, Ernesto nous propose de visiter ses parcelles de café près du village d’Alegria à l’Est du pays. Il est 7h, les cueilleurs sont déjà au travail. C’est le premier jour de récolte et Ernesto est très ému car lorsqu’il a acheté cette terre il y a 5 ans, il n’y avait pratiquement plus rien ! Il a tout replanté les milliers de pieds de café et enfin cette année, les pieds sont productifs.
Ni une, ni deux, Esteban et Louis se lancent et participent au travail de la récolte. Ils ont l’habitude maintenant depuis Cuba et le Guatemala ! En fin de journée, chaque cueilleur vient peser son sac qui correspondra à sa rémunération.
Ernesto nous confie son secret : « les amis, savez-vous pourquoi mes plans de café sont si beaux ? Voilà 5 ans qu’avec l’aide d’un ingénieur agronome, on  a créé nous-même nos engrais biologiques !  » C’est de la biodynamie ! Il nous révèle même la recette : « j’ai banni les engrais chimiques de mes plantations ! ils détruisent mes sols ! je ne veux plus nourrir les multinationales ! ». On adhère évidemment 😊.

Le lendemain, nous quittons notre ami Ernesto et El Salvador. Nous le remercions longuement et nous sommes tous très émus au moment de la séparation. Nous partons pour le Honduras mais ça c’est une autre histoire…

Saludos !

La Permaculture Family