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#11# NICARAGUA, permaculture versus guerre civile

#11# NICARAGUA, permaculture versus guerre civile

Le 30 novembre 2018

#11# NICARAGUA, permaculture versus guerre civile

C’est avec émotion que nous quittons nos nouveaux amis du Honduras qui nous emmènent à la capitale Tegucigalpa. Ce matin, c’est la compagnie de bus Ticabus qui doit nous conduire à Managua, la capitale du Nicaragua.

Passage de frontière Honduras – Nicaragua
Depuis avril 2018, il est déconseillé aux voyageurs de rentrer au Nicaragua. En effet, le pays est entré en « guerre civile » depuis la réforme des retraites imposée par le Président Daniel Ortega au pouvoir depuis 2006 (3ème mandat!). Des manifestations ont eu lieu depuis plusieurs mois invitant le Président en place à démissionner car la crise est plus profonde et des milliers de nicaraguayens quittent le pays dans l’espoir d’un meilleur avenir aux Etats Unis ou au Costa Rica, le pays voisin. Les journalistes internationaux ne sont donc pas les bienvenus en ce moment !
Il nous faut donc une autorisation spéciale préalable pour traverser le pays, ce que nous obtiendrons en remplissant sur internet une semaine à l’avance un questionnaire détaillé sur nos intentions. Arrivés à la frontière, nous descendons du bus avec tous nos documents en règle, tout va bien 😊 jusqu’au passage au scanner de tous les bagages. Rapidement les appareils électroniques sont détectés…à commencer par le drone, puis l’enregistreur dictaphone H4n et même l’appareil photo…la douanière confisque tout le matériel. Commence alors l’interrogatoire dans une autre pièce ☹. Les agents commencent par tout ouvrir et récupérer toutes les références des appareils pendant 30 minutes…un peu stressant puis la douanière ne sait pas trop quoi penser…un journaliste qui voyage avec sa famille, ce n’est pas courant ?!? Stéphane joue donc la carte de la famille et explique le projet de la Permaculture Family pendant quelques minutes afin de récupérer tout le matériel, ce qui s’avèrera payant une heure plus tard ! Le chauffeur du Ticabus est très fâché car on a 1h30 de retard, les autres voyageurs sont également un peu agacés mais nous, nous sommes heureux de pouvoir continuer le voyage avec notre matériel essentiel au projet 😊!

De Managua la capitale, à Granada la coloniale
Ticabus nous dépose à la nuit tombante dans un quartier en périphérie de Managua. Le quartier paraît tranquille. Les rues sont désertes. Nous passerons la nuit chez une dame qui tient deux petites chambres. Elle nous raconte que depuis avril les touristes se font rares et la situation est difficile pour elle mais aussi pour les Nicaraguayens qui pâtissent du blocage du pays pour une issue incertaine…
Le lendemain, direction la ville coloniale de Granada plus au Sud sur le lac Nicaragua, un des plus grands lacs du monde avec 8264 km carré. Les touristes se font également rares même dans la rue principale où pourtant tous les bars restaurants et magasins restent ouverts. On en profite pour découvrir cette jolie ville à commencer par le musée du chocolat avec le Nicatella (inspiré d’une pâte à tartiner d’une multinationale) dans la même ligne que le Guatella que nous avions découvert à Antigua au Guatemala. Les noisettes sont remplacées par des arachides, le % de sucre divisé par 3 et sans huile de palme 😉 Mum c’est meilleur quand c’est sain, non ?
On visite les nombreuses églises dont la Iglesia de la Guadalupe, la Iglesia La Merced, style baroque, construite en 1781 et la grande cathédrale construite entre 1880 et 1972 qui trône sur la place de l’Indépendance en face du parc central de Granada.
Une petite marche nous conduit sur les bords du lac. De nombreuses calèches cherchent les touristes. On prendra le temps de discuter avec les vendeurs en tout genre de la situation politique du pays. La plupart n’a pas d’illusion. La situation reviendra à la normale dans les prochains mois dans cette nouvelle dictature…
Le lendemain, on part chercher un peu plus d’optimisme !

Ile d’Ometepe et la finca Zopilote en permaculture
Un bus local nous emmène de Granada à Rivas puis jusqu’à l’embarcadère de San Jorge pour l’Ile d’Ometepe qui se trouve au milieu du lac Nicaragua. Nous embarquons sur un vieux ferry avec les voitures, les camions et les animaux. Cet après-midi, le vent souffle beaucoup et la traversée risque d’être agitée. Alexa appréhende car des vieux souvenirs remontent à la surface comme la traversée de 3h de Tamatave à l’île Sainte Marie sur la côte Est de Madagascar où nous habitions encore jusqu’en juillet dernier ! Plus de peur que de mal cette fois-ci ! Ouff. Cheveux au vent, les enfants commentent les changements de couleurs du volcan Concepción qui est l’un des deux volcans constituant l’Ile. Nous profitons d’une baignade dans la piscine naturelle d’eau chaude au pied du volcan. Partout les crèches en plein air fleurissent dans ce pays très croyant à l’approche de Noël.

Zopilote, c’est le nom du site permaculturel que nous avons visité sur l’île. Situé entre les deux volcans, le site dirigé par un Italien accueille depuis 28 ans des bénévoles qui réalisent les aménagements (potagers, mandalas), les constructions (écoconstruction, séchoirs solaires, douches solaires, four à pain/pizza) et les ateliers (yoga, bibliobus). Le site respire la bonne ambiance qui règne entre toutes les nationalités qui sont venues pour apprendre et échanger. A la cantine/restaurant, toute la nourriture est produite et cuisinée sur place. Tout est 100% bio, végétarien et parfois vegan (non issu des animaux et de leur exploitation). Sont bannies de la carte, les boissons sucrées des multinationales (largement répandues et consommées dans le reste du pays, de l’Amérique Latine et malheureusement du monde !) et encourage plutôt la consommation de smoothies (à base de fruits frais, légumes, fruits secs et plantes) et de Kombucha, une boisson acidulée obtenue grâce à une culture symbiotique de bactéries et de levures en milieu sucré avec du thé vert/noir ou de la tisane.
Nous avons beaucoup discuté avec le fondateur ainsi qu’avec certains volontaires. L’expérience fût enrichissante pour tous. Nous quittons l’île d’Ometepe où nous avons passé un séjour inoubliable. Un modèle de vie en harmonie avec la nature loin des grandes exploitations de bovins et des surpâturages du pays.
Pour aller plus loin, https://ometepezopilote.net/

San Juan del Sur
De retour sur la terre ferme, il nous faut à peine 1 heure de transfert pour rejoindre la côte pacifique et entrer dans la petite cité de San Juan del Sur. Stéphane y était passé en 2004. A l’époque ce n’était qu’un petit village de pécheurs avec quelques gargotes sur le sable. Aujourd’hui, c’est une station balnéaire de plus de 30 000 habitants et touristes ! Très surpris par la découverte de la ville, nous descendons du taxi devant la maison de notre futur hôte que nous avons rencontré sur internet via AirBnB. Seul un chien de grande taille monte la garde, a priori nous ne se sommes pas les bienvenus ! Surprenant…puis une dame vient à la grille en parlant espagnol avec un accent reconnaissable. C’est une française ! mais ce n’est pas notre hôte ! Elle loue la maison depuis plusieurs mois et c’est la propriétaire qui n’a pas retirée l’annonce sur internet :-(. Pas de panique ! Carine mobilise le réseau français de la ville et en quelques minutes à peine, nous nous retrouvons un peu plus loin dans un écolodge principalement construit en bambou. A flanc de montagne, la terrasse de la chambre offre une magnifique vue sur la baie de San Juan del Sur, idéale pour avancer sur les cours par correspondance Kerlann de Louis et Esteban. Le tourisme au Nicaragua s’est considérablement développé en à peine 10 ans et San Juan del Sur également. Le prix des terrains a été multiplié par 10, transformant les espaces agricoles en villas de luxe avec piscine à débordement…un milliardaire a même fait construire un christ de 27 mètres de haut au somment de la falaise qui surplombe la baie.

On apprécie un dernier coucher de soleil avant de continuer notre route vers la frontière du Costa Rica à 30 km. Dimanche matin, nous devons retrouver une famille française qui nous récupère à la frontière…
La suite dans le prochain épisode de la Permaculture Family

Saludos

La Permaculture Family