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#6# GUATEMALA, Centre, rencontre avec les producteurs de cacao et café

#6# GUATEMALA, Centre, rencontre avec les producteurs de cacao et café

Le 19 octobre 2018

#6# GUATEMALA, par l’Ouest, Région Cobán,
Rencontre avec les producteurs de cacao et café

Passage de frontière entre le Mexique et le Guatemala
C’est avec un peu d’appréhension que nous traversons la première frontière terrestre…un peu stressés quand même, nos sacs vont-ils être fouillés ? Cela va-t-il durer long ? Mais non, rien ! On montre simplement nos passeports, on paye la taxe de sortie du Mexique, dernier petit cadeau 😊 et voilà, vingt minutes, montre en main !
Les infrastructures du Guatemala nous rappellent celles de Madagascar, cela tranche de façon très nette avec le Mexique. Les routes sont en moins bon état. Les femmes sur le bord des routes portent les habits traditionnels fabriqués à la main. Au Guatemala, il y a 22 langues parlées par les communautés indigènes dont le quiche en plus de l’Espagnol, la langue de Los Conquistadores

Huehuetenango
Nous avons rendez-vous avec APODIP, la coopérative de producteurs de café et cacao certifiés biologiques et commerce équitable SPP partenaire d’Ethiquable et Café Michel dans la ville de Cobán à 350 km mais il n’y a pas de trajets directs depuis la frontière alors il faut faire des petits sauts de puce en bus, c’est bien différent du Mexique 😉. Depuis la frontière, le 1er bus nous laisse dans une station essence sur le bord de la route dans la banlieue de Huehuetenango. Après un petit bout de temps, on finit par trouver un taxi qui nous emmène dans une petite maison réservée sur internet pour nous reposer. Nous y arrivons à la nuit tombée presque dans le noir car c’est la coupure générale d’électricité et eau dans toute la ville depuis ce matin. Ca nous rappelle de bons souvenirs de Madagascar ! Première soirée au Guatemala, nous découvrons les galettes de maïs fourrées aux haricots, au fromage ou autres fabriquées sur le bord du trottoir. Mumm un délice ! Même si ce sont des « copies » des pupusas originaires de El Salvador où nous serons bientôt.
Le lendemain, nous prenons un grand bus collectif très joliment redécorés, ce sont en fait les anciens bus scolaires américains, tout comme les wagons de la SNCF usés envoyés à Madagascar. Six heures plus tard sur des routes parfois en terre et moins de 180 km, nous arrivons enfin à Cobán, la capitale de la région Alta Verapaz.

Cobán
Arrivés à la nuit sous une pluie torrentielle, c’est Alejandro, le technicien d’APODIP qui vient nous chercher à l’arrêt de bus. Il propose de nous héberger deux nuits dans sa maison pour nous reposer et reprendre des forces. Toute la famille d’Alejandro nous accueille chaleureusement. Une dizaine de personnes vivent ici, les conditions d’habitat sont précaires et il faut nous adapter ! C’est comme si le tour du monde commençait pour de vrai, nous appellerons cela l’immersion culturelle, nous sortons du confort occidental, confort auquel nous sommes habitués ! Dans ce nouvel habitat, nous sommes perdus et Papa est le seul volontaire pour prendre sa douche.
Aujourd’hui, c’est dimanche. Toutes les femmes ont sorti leurs plus beaux habits pour la cérémonie qui se tient dans la petite église du Calvario qui domine la ville de Cobán.

Coopérative APODIP
Le surlendemain, nous partons rencontrer les producteurs. Première étape : 3 h de route en terre le long du Rio Polochic. Nous prenons notre desayunos (petit déjeuner) à mi-chemin à la Tinta. Dans le petit restaurant, nous croisons un perroquet qui parle quiche, une des langues des communautés indigènes du Guatemala. On a bien ri !

Apodip : entrée en matière
Arrivés au siège de APODIP, nous nous installons dans nos quartiers : le grand dortoir en parpaing et en planche ! On sort les sacs de couchage, nous sommes en mode camping, tout est ok…quand soudain, coupures d’eau et d’électricité, Alexa craque. Mais on s’habitue à tout et puis dans le monde beaucoup de gens vivent sans eau, sans électricité ! Nous l’avons appris à Madagascar alors le temps de trois jours, nous allons prendre sur nous !
L’après-midi, nous allons dans des parcelles de producteurs qui produisent du cacao : échanges, interviews, prise de photos et de films, rires, émotions. On en a plein les yeux et plein le cœur ! Retour à la coopérative 20h, nous sommes épuisés et en même temps, heureux car l’eau et l’électricité sont revenues : douche et repas avec haricot rouge dans une galette de maïs, et un petit morceau de poulet ! Nous n’avions pas pu manger le midi : nous sommes affamés !

Apodip : cacao
Le lendemain matin, nous nous présentons aux membres de la coopérative chacun notre tour en espagnol, ils nous applaudissent, nous sommes très émus. Ils nous offrent une cabosse de cacao, nous goûtons, c’est délicieux, nous en raffolons. Puis nous visitons toutes les installations pour fabriquer des bonnes fèves de cacao. Nous entrons d’abord dans la serre de fermentation du cacao : à l’intérieur, il fait 40°C, les fèves fraîches de cacao sont entassées dans des grandes caisses en bois en cascade, elles « fermentent » et la température à l’intérieur doit dépasser les 45°C au bout de 48h. Ouille ça nous brûle les mains ! Ça signifie que la fermentation est sur la bonne voie ! L’opération dure 7 jours ! Les techniciens vérifient plusieurs fois par jour les températures. Une autre serre est destinée au séchage des fèves : il faut les remuer chaque jour avec un grand râteau pour créer une homogénéité dans la texture des fèves. C’est un processus scientifique. Voilà, ce n’est pas si simple de faire du chocolat !

Apodip : rencontre des producteurs de café, cacao et cardamome
Deuxième journée à la coopérative. Départ 5H du matin: nous partons rencontrer d’autres paysans-producteurs mais ceux-là habitent loin, là-haut dans les montagnes. Deux heures de route sur les sentiers montagneux, la pluie fait son apparition, nous roulons tout doucement.
Nous découvrons le métier de Papa, des heures et des heures de voiture pour aller rencontrer les producteurs ! Nous prenons notre petit déjeuner dans une forêt au-dessus du fleuve Polochic.

Arrivée chez le premier producteur vers 9H, c’est parti pour 2h de marche, c’est le temps nécessaire pour atteindre sa seule parcelle de café ! Avec la pluie, les sentiers sont boueux et glissants, Maman n’arrête pas de glisser, son pantalon est couvert de boue ! On râle un peu, nous sommes épuisés par cette marche, Stef nous dit : « Tous les jours, le producteur doit faire cette marche pour atteindre sa parcelle de café et de cacao qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ! La parcelle se situe sur le flanc de la montagne, le terrain est très en pente, mais comment fait-il pour travailler dans ces conditions ? Nous réalisons le chemin parcouru par le café ou le cacao pour se retrouver dans notre bol le matin.
Nous redescendons vers la maison du producteur car il tient à nous présenter sa famille avant que nous repartions. Son épouse nous y attend, elle nous accueille avec un chocolat chaud. Lorsque sa fille nous voit, elle se cache comme si elle avait peur de nous. Dans certains villages à Madagascar, les enfants se cachaient également à notre arrivée ! Finalement que cela soit à Mada ou au Guatemala, nous restons des curiosités!
Dans la ferme, les cochons, les canards, les poules, les coqs sont en liberté. Certes ils seront tués et mangés, mais dans les pays que nous traversons depuis le début de notre périple, très peu d’animaux sont enfermés. Pourquoi ne pas faire la même chose en France ? Ici pas de production à grande échelle ou très peu, la plupart des familles élève leurs animaux, ces derniers servent à la consommation personnelle. Ils sont rarement vendus ou alors à des voisins. Les poulets peuvent aussi s’échanger contre des légumes. La viande ne s’achète pas dans les magasins, enfin presque pas…c’est très rare !

Soudain Stef fait décoller le drone, tout le monde est stupéfait et même les enfants sortent de leur cachette, films, photos, interviews et voilà, nous sommes repartis !
Nous entamons la deuxième visite : celle-ci est située très haut dans les montagnes. L’ascension est longue et vertigineuse, difficile d’arriver au sommet sans se casser la figure. Après une heure de marche, nous découvrons les parcelles de café puis de cardamome (épice) qui rassemble à des petites grappes vertes que l’on cueille au pied des grands feuillages. Arrivé à la maison, toute la famille s’est réunie pour notre arrivée, l’épouse nous remercie de notre visite. Elle nous sert une soupe de maïs. Dans leur maison, il y a seulement une table, deux lits et un petit hôtel pour prier.
Impossible pour nous d’oublier cette journée, ce sont des moments rares, nous le savons. Nous saluons nos hôtes et reprenons notre route ! Certes nos pantalons sont couverts de terre, mais cette journée, c’était l’aventure, la vraie !

Apodip : formation dégustation café
Pour notre dernière matinée à la coopérative, l’équipe de techniciens demande à Stef de leur faire une « mini formation dégustation café », on le voit hésiter puis comme tout le monde insiste, il se lance ! En effet, même si le volume de production est encore faible (20 tonnes), tout le matériel est déjà présent dans les locaux en vue d’une progression. Alors Stef en profite pour inaugurer le torréfacteur, le moulin, les tasses et la table de dégustation flambant neuve. Tout le monde est attentif aux recommandations puis chacun exprime ses ressentis. Encore un beau moment de partage.

Direction le Nord du Guatemala pour de nouvelles aventures !

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La Permaculture Family

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