Le 27 octobre 2018
#7# GUATEMALA, du Nord (Flores) au Sud (Antigua)
Nous quittons Cobán et les producteurs de café et de cacao d’APODIP. Cap au Nord dans la région mythique de Petén, le royaume de la civilisation Mayas.
L’île de Flores au Nord
8h de bus depuis Cobán ! Epoustouflés, nous découvrons l’île de Flores, un pur joyau : des ruelles pavées, des maisonnettes de toutes les couleurs, de la musique qui raisonne dans les rues de la cité. Nous dormons dans une auberge de jeunesse. On se prépare ! Mais c’est radicalement différent de ce que nous imaginions : dans le jardin, il y a des cocotiers, ici la végétation est luxuriante, la moyenne d’âge des pensionnaires ne dépasse pas 20 ans, l’ambiance est calme, apaisante, presque monacale. C’est un dortoir d’une dizaine de lits. Chacun des pensionnaires est sur son matelas avec ses écouteurs sur les oreilles. Ici tout le monde se couche tôt car le départ pour les excursions se fait à 4h du matin ! On a découvert émerveillés une vraie salle de bain, cela faisait longtemps ! L’eau est froide, mais nous sommes fous de joie, nous en avons tellement rêvé. Lorsque nous sortons manger, la fête bat son plein dans les rues. Pendant quelques minutes, on se demande si on n’est pas à Ibiza.
Tikal : la plus grande citée Maya
Départ à 4h du matin pour la visite de la plus grande citée Maya du continent tout au Nord du pays : Tikal. Nous arrivons à 7h sur le site, plongé au cœur d’une forêt tropicale nuageuse. Notre guide commence par une longue présentation de la culture Maya. Pour lui, l’Amérique n’a pas été découverte par Christophe Colomb (évidemment 😊) : «Les peuples mayas vivaient en Amérique Latine depuis des milliers d’années». Nous sommes attentifs. Il poursuit « Christophe Colomb et son armée espagnole ont délogé tous ces peuples, les Mayas avaient écrit plus de mille livres avec tous leurs secrets à l’intérieur mais seuls 4 ont survécus ! Des milliers de Mayas sont morts, quelques-uns ont survécu et se sont réfugiés dans la forêt, mais les Espagnols avaient apporté leurs maladies, c’est un peu près comme ça que les Mayas ont disparu…cela a été un vrai massacre, mais cela n’est pas raconté dans les livres d’histoire ». Comme à Palenque au Chiapas (Mexique), la plupart des sites ont été recouverts par le temps et la végétation luxuriante. Les plus imposants comme les temples I et IV ont subi d’importants travaux de fouille et de rénovation sur plusieurs dizaines d’années !
Pour aller au point culminant des temples construit entre -400 av J-C et 900 ap J-C, il faut gravir des centaines de marches sans perdre l’équilibre. Arrivés tout en haut, la vue est grandiose, on découvre des temples qui jaillissent par dizaine dans la jungle comme des géants de pierre. Notre guide désigne l’un d’entre eux : voici le plus grand temple d’Amérique Latine. Visiter une cité Maya est une expérience unique, comme une plongée dans l’histoire, plus de 2000 ans en arrière…Impossible de ne pas être touché en plein cœur.
Antigua : ville coloniale, ancienne capitale du Guatemala
Il nous a fallu une nuit entière pour rejoindre Antigua depuis Flores (520 km). Dans notre guide, on peut lire :« Antigua est la pierre précieuse de l’Amérique Latine ». Nous validons : les rues sont pavées, les maisons sont toutes classées par l’UNESCO. Nous comprenons pourquoi, les couleurs, rouge, or, jaune, orange colorent les façades.
Au détour d’une ruelle, nous découvrons le musée du chocolat qui raconte toute l’histoire du cacao depuis l’époque des Mayas. Louis s’essaie à écraser la pâte de fèves de cacao. Dur,dur ! Nous goutons également au Guatella qui fait référence à une marque connue de pâte à tartiner mais en plus qualitatif : moins de sucre, moins de gras, plus de fruit !
Antigua est l’ancienne capitale du royaume du Guatemala. Construite par les Espagnols en 1543, elle fût presque intégralement recouverte par une coulée de lave en 1773, date à laquelle les Espagnols déplacent la capitale 35 km plus loin en l’actuelle Guatemala Ciudad. Antigua est entourée de 3 volcans imposant : Fuego (3763 m), Agua (3760 m) et Acatenango (3976 m). C’est donc ce dernier que nous avons choisi de gravir pour réaliser notre rêve ensemble ! Au début, Alexa n’était pas sûre d’elle mais avec les enfants on l’a bien motivée pour réaliser notre première ascension ensemble à presque 4000 m d’altitude.
Ascension du volcan Acatenango : le défi sportif de la Permaculture Family
Toujours actif, le volcan Fuego, situé en face du Volcan Acatenango (2 km), a encore fait parler de lui lors de sa dernière éruption en juillet 2018 !!! Aujourd’hui, c’est le grand jour ! Pas d’alerte en vue, on peut y aller !
Départ 8h en bus de Antigua. Au pied du volcan, on passe prendre la nourriture pour 2 jours mais surtout les blousons, les gants et les bonnets prêtés par les organisateurs ! Deux jeunes Suissesses font partie de l’expédition. Tout d’un coup, le bus s’arrête, nous descendons et commençons l’ascension. Stéphane et Louis portent chacun un gros sac à dos, c’est la grosse difficulté ! Alexa marche devant Louis et Stéphane, du jamais vu ! Estéban est quant à lui devant tout le monde avec son petit sac. Stéphane et Louis marchent doucement car en montagne, il ne faut pas courir. Stéphane dit qu’il faut beaucoup boire pour s’hydrater et que toute l’eau qu’on boit, on n’a plus à la porter.
1ère pause : nous chargeons un peu plus le sac d’Estéban, c’est normal ! On repart, Estéban est encore devant tout le monde et, il dit aux filles : « moi, je veux être dans le groupe de ceux qui vont vite, venez, ma famille est trop lente, ils vont nous retarder ! ».
Alexa : « Quand, j’ai commencé l’ascension du volcan, je me suis dit : j’arrête !!! C’est trop difficile…sans rire, la pente était à 90 degrés. Et puis, j’ai vu Estéban qui courait loin devant nous, alors j’ai continué. Ascension très difficile, mais réalisable. Les côtes s’enchaînent les unes après les autres sans aucun répit ! »
Heureusement le guide veille sur le groupe et propose des pauses toutes les 30 minutes. A 17h, c’est l’arrivée au camp de base. Il fait 5 degrés, nous sommes à 3600 mètres ! 1400 mètres de dénivelé en 4h, pas mal ! Les tentes sont montées, la nuit tombe et là une explosion de lave jaillit sous nos yeux. Un autre volcan qui s’appelle Fuego (feu en français), nous fait face et de son cratère jaillit la lave ! C’est un spectacle époustouflant. La lave rouge jaillit sous nos yeux, spectacle magique, tout le groupe hurle de joie ! Le spectacle dure jusque tard dans la nuit. L’ascension valait bien le détour. Nous dormons emmitouflés dans nos sacs de couchage par une température de zéro degré. En fait, on n’a pas vraiment dormi…
Le guide nous réveille à 4h du matin pour l’ascension finale : 2h de marche dans le noir. Estéban court devant avec le reste du groupe. On le voit qui s’élance à l’assaut du volcan. Alexa : « je me suis dit que je n’allais pas réussir à aller jusqu’au bout…épuisée ! Et puis, j’arrive finalement tout là-haut, il est 6H30. Je pleure…Le spectacle est unique ! Antigua, ses volcans, l’Amérique Latine, le ciel rougit et le soleil qui pointe enfin le bout de son nez ». Défi relevé ! Merci Pacha Mama.
La descente fût plus facile en seulement 2h30 ! Dur dur tout de même pour les genoux !
On rentre à l’auberge de jeunesse bien fatigués mais tous très heureux !
A peine le temps de se reposer, un bus nous emmène le lendemain jusqu’à la frontière de El Salvador…
Saludos
N’hésitez pas à laisser un commentaire,
La Permaculture Family
Le 19 octobre 2018
#6# GUATEMALA, par l’Ouest, Région Cobán,
Rencontre avec les producteurs de cacao et café
Passage de frontière entre le Mexique et le Guatemala
C’est avec un peu d’appréhension que nous traversons la première frontière terrestre…un peu stressés quand même, nos sacs vont-ils être fouillés ? Cela va-t-il durer long ? Mais non, rien ! On montre simplement nos passeports, on paye la taxe de sortie du Mexique, dernier petit cadeau 😊 et voilà, vingt minutes, montre en main !
Les infrastructures du Guatemala nous rappellent celles de Madagascar, cela tranche de façon très nette avec le Mexique. Les routes sont en moins bon état. Les femmes sur le bord des routes portent les habits traditionnels fabriqués à la main. Au Guatemala, il y a 22 langues parlées par les communautés indigènes dont le quiche en plus de l’Espagnol, la langue de Los Conquistadores…
Huehuetenango
Nous avons rendez-vous avec APODIP, la coopérative de producteurs de café et cacao certifiés biologiques et commerce équitable SPP partenaire d’Ethiquable et Café Michel dans la ville de Cobán à 350 km mais il n’y a pas de trajets directs depuis la frontière alors il faut faire des petits sauts de puce en bus, c’est bien différent du Mexique 😉. Depuis la frontière, le 1er bus nous laisse dans une station essence sur le bord de la route dans la banlieue de Huehuetenango. Après un petit bout de temps, on finit par trouver un taxi qui nous emmène dans une petite maison réservée sur internet pour nous reposer. Nous y arrivons à la nuit tombée presque dans le noir car c’est la coupure générale d’électricité et eau dans toute la ville depuis ce matin. Ca nous rappelle de bons souvenirs de Madagascar ! Première soirée au Guatemala, nous découvrons les galettes de maïs fourrées aux haricots, au fromage ou autres fabriquées sur le bord du trottoir. Mumm un délice ! Même si ce sont des « copies » des pupusas originaires de El Salvador où nous serons bientôt.
Le lendemain, nous prenons un grand bus collectif très joliment redécorés, ce sont en fait les anciens bus scolaires américains, tout comme les wagons de la SNCF usés envoyés à Madagascar. Six heures plus tard sur des routes parfois en terre et moins de 180 km, nous arrivons enfin à Cobán, la capitale de la région Alta Verapaz.
Cobán
Arrivés à la nuit sous une pluie torrentielle, c’est Alejandro, le technicien d’APODIP qui vient nous chercher à l’arrêt de bus. Il propose de nous héberger deux nuits dans sa maison pour nous reposer et reprendre des forces. Toute la famille d’Alejandro nous accueille chaleureusement. Une dizaine de personnes vivent ici, les conditions d’habitat sont précaires et il faut nous adapter ! C’est comme si le tour du monde commençait pour de vrai, nous appellerons cela l’immersion culturelle, nous sortons du confort occidental, confort auquel nous sommes habitués ! Dans ce nouvel habitat, nous sommes perdus et Papa est le seul volontaire pour prendre sa douche.
Aujourd’hui, c’est dimanche. Toutes les femmes ont sorti leurs plus beaux habits pour la cérémonie qui se tient dans la petite église du Calvario qui domine la ville de Cobán.
Coopérative APODIP
Le surlendemain, nous partons rencontrer les producteurs. Première étape : 3 h de route en terre le long du Rio Polochic. Nous prenons notre desayunos (petit déjeuner) à mi-chemin à la Tinta. Dans le petit restaurant, nous croisons un perroquet qui parle quiche, une des langues des communautés indigènes du Guatemala. On a bien ri !
Apodip : entrée en matière
Arrivés au siège de APODIP, nous nous installons dans nos quartiers : le grand dortoir en parpaing et en planche ! On sort les sacs de couchage, nous sommes en mode camping, tout est ok…quand soudain, coupures d’eau et d’électricité, Alexa craque. Mais on s’habitue à tout et puis dans le monde beaucoup de gens vivent sans eau, sans électricité ! Nous l’avons appris à Madagascar alors le temps de trois jours, nous allons prendre sur nous !
L’après-midi, nous allons dans des parcelles de producteurs qui produisent du cacao : échanges, interviews, prise de photos et de films, rires, émotions. On en a plein les yeux et plein le cœur ! Retour à la coopérative 20h, nous sommes épuisés et en même temps, heureux car l’eau et l’électricité sont revenues : douche et repas avec haricot rouge dans une galette de maïs, et un petit morceau de poulet ! Nous n’avions pas pu manger le midi : nous sommes affamés !
Apodip : cacao
Le lendemain matin, nous nous présentons aux membres de la coopérative chacun notre tour en espagnol, ils nous applaudissent, nous sommes très émus. Ils nous offrent une cabosse de cacao, nous goûtons, c’est délicieux, nous en raffolons. Puis nous visitons toutes les installations pour fabriquer des bonnes fèves de cacao. Nous entrons d’abord dans la serre de fermentation du cacao : à l’intérieur, il fait 40°C, les fèves fraîches de cacao sont entassées dans des grandes caisses en bois en cascade, elles « fermentent » et la température à l’intérieur doit dépasser les 45°C au bout de 48h. Ouille ça nous brûle les mains ! Ça signifie que la fermentation est sur la bonne voie ! L’opération dure 7 jours ! Les techniciens vérifient plusieurs fois par jour les températures. Une autre serre est destinée au séchage des fèves : il faut les remuer chaque jour avec un grand râteau pour créer une homogénéité dans la texture des fèves. C’est un processus scientifique. Voilà, ce n’est pas si simple de faire du chocolat !
Apodip : rencontre des producteurs de café, cacao et cardamome
Deuxième journée à la coopérative. Départ 5H du matin: nous partons rencontrer d’autres paysans-producteurs mais ceux-là habitent loin, là-haut dans les montagnes. Deux heures de route sur les sentiers montagneux, la pluie fait son apparition, nous roulons tout doucement.
Nous découvrons le métier de Papa, des heures et des heures de voiture pour aller rencontrer les producteurs ! Nous prenons notre petit déjeuner dans une forêt au-dessus du fleuve Polochic.
Arrivée chez le premier producteur vers 9H, c’est parti pour 2h de marche, c’est le temps nécessaire pour atteindre sa seule parcelle de café ! Avec la pluie, les sentiers sont boueux et glissants, Maman n’arrête pas de glisser, son pantalon est couvert de boue ! On râle un peu, nous sommes épuisés par cette marche, Stef nous dit : « Tous les jours, le producteur doit faire cette marche pour atteindre sa parcelle de café et de cacao qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ! La parcelle se situe sur le flanc de la montagne, le terrain est très en pente, mais comment fait-il pour travailler dans ces conditions ? Nous réalisons le chemin parcouru par le café ou le cacao pour se retrouver dans notre bol le matin.
Nous redescendons vers la maison du producteur car il tient à nous présenter sa famille avant que nous repartions. Son épouse nous y attend, elle nous accueille avec un chocolat chaud. Lorsque sa fille nous voit, elle se cache comme si elle avait peur de nous. Dans certains villages à Madagascar, les enfants se cachaient également à notre arrivée ! Finalement que cela soit à Mada ou au Guatemala, nous restons des curiosités!
Dans la ferme, les cochons, les canards, les poules, les coqs sont en liberté. Certes ils seront tués et mangés, mais dans les pays que nous traversons depuis le début de notre périple, très peu d’animaux sont enfermés. Pourquoi ne pas faire la même chose en France ? Ici pas de production à grande échelle ou très peu, la plupart des familles élève leurs animaux, ces derniers servent à la consommation personnelle. Ils sont rarement vendus ou alors à des voisins. Les poulets peuvent aussi s’échanger contre des légumes. La viande ne s’achète pas dans les magasins, enfin presque pas…c’est très rare !
Soudain Stef fait décoller le drone, tout le monde est stupéfait et même les enfants sortent de leur cachette, films, photos, interviews et voilà, nous sommes repartis !
Nous entamons la deuxième visite : celle-ci est située très haut dans les montagnes. L’ascension est longue et vertigineuse, difficile d’arriver au sommet sans se casser la figure. Après une heure de marche, nous découvrons les parcelles de café puis de cardamome (épice) qui rassemble à des petites grappes vertes que l’on cueille au pied des grands feuillages. Arrivé à la maison, toute la famille s’est réunie pour notre arrivée, l’épouse nous remercie de notre visite. Elle nous sert une soupe de maïs. Dans leur maison, il y a seulement une table, deux lits et un petit hôtel pour prier.
Impossible pour nous d’oublier cette journée, ce sont des moments rares, nous le savons. Nous saluons nos hôtes et reprenons notre route ! Certes nos pantalons sont couverts de terre, mais cette journée, c’était l’aventure, la vraie !
Apodip : formation dégustation café
Pour notre dernière matinée à la coopérative, l’équipe de techniciens demande à Stef de leur faire une « mini formation dégustation café », on le voit hésiter puis comme tout le monde insiste, il se lance ! En effet, même si le volume de production est encore faible (20 tonnes), tout le matériel est déjà présent dans les locaux en vue d’une progression. Alors Stef en profite pour inaugurer le torréfacteur, le moulin, les tasses et la table de dégustation flambant neuve. Tout le monde est attentif aux recommandations puis chacun exprime ses ressentis. Encore un beau moment de partage.
Direction le Nord du Guatemala pour de nouvelles aventures !
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Saludos
La Permaculture Family
Le 12 octobre 2018
#5# MEXIQUE, le Chiapas, rencontre avec les producteurs de café
écrit par Stéphane(papa) et Louis
San Cristóbal de las Casas
Après 700 km et une nuit dans le bus depuis Huatusco, nous arrivons dans la ville de San Cristobal de las Casas, à 2200 m. d’altitude, au Chiapas au Sud du Mexique. Toujours sans le sac à dos d’Alexa : elle désespère de le retrouver un jour, pour tout dire, elle n’y croit plus. Malgré tout, on continue d’appeler l’aéroport tous les jours, et là surprise, une énième hôtesse nous dit :« votre sac a été envoyé à Tùxtla », l’aéroport à 1h30 de San Cristobal. Nous courons le chercher et voilà l’affaire du sac devient une anecdote : c’est fou, 13 jours à porter les mêmes vêtements…elle va s’en souvenir 😉. Heureusement, entretemps… Alexa avait trouvé une couturière qui a créé un vêtement avec un joli tissu mexicain « dia de los muertos » (fête des morts/La Toussaint) qui se prépare ici dans toute la ville ! Nous découvrons cette très jolie ville coloniale aux nombreuses églises.
Rencontre avec les communautés indigènes de MAJOMUT
San Cristobal est le siège de MAJOMUT, une coopérative de producteurs de café partenaire des Scop Ethiquable et Café Michel en France. Fernando, le coordinateur de la coopérative, nous propose de rendre visite aux communautés partenaires à 50 km. Nous passons une merveilleuse journée avec les femmes du village de Majosik et les producteurs de café du village de Tanate. C’est l’occasion pour tous d’échanger sur la prochaine récolte de café qui débute ce mois-ci : production, prix, certification biologique et équitable ainsi que sur les nouveaux projets de sécurité alimentaire développés par les femmes comme la production de tomates et autres légumes qui reste difficile dans cette zone de hautes montagnes. Une séance de drone permettra aux producteurs d’observer leurs parcelles vues du ciel : très instructif pour évaluer la déforestation réalisée par leurs voisins peu scrupuleux ! Dans les parcelles de café, l’ambiance est bonne : la pente est très importante alors on glisse, on s’accroche aux branches et on se rend bien compte de la difficulté supplémentaire à cultiver sur des pentes abrutes en montagne. L’histoire du café commence comme cela…avant d’arriver dans notre tasse chaque matin 😉. C’est également l’occasion d’une séance photos et vidéos avec les producteurs pour le label de commerce équitable SPP qui nous a chargé de réaliser la promotion du label à travers le monde. Nous terminons la journée par une cérémonie : Papa met en terre un petit caféier et en devient le parrain. Cà se fait souvent ici 😉.
Dégustation de café à la coopérative MAJOMUT
Arrivé au siège de la coopérative à la sortie de la ville, nous entrons dans une grande salle. Nous présentons notre tour du monde permaculturel très lié au commerce équitable. Tout le monde est attentif et pose des tas de questions. Le directeur de la coopérative nous explique que dans la région du Chiapas il y a 300 coopératives comme eux mais que Majomut est l’une des plus anciennes (35 ans !) et des plus solides !
Après la réunion, nous descendons dans une autre salle avec différentes machines ! Nous allons être initier à la dégustation du café : C’est Manuel, le professionnel de la dégustation qui va nous enseigner toutes les étapes sous le regard attentif de Papa qui est déjà dégustateur de café 😊. On va enfin découvrir une face de son métier !
1ère étape : Manuel torréfie les grains de café vert…20 minutes plus tard, ils ressortent légèrement grillés, on dit que c’est une torréfaction légère « robe de moine » qui fera ressortir l’acidité, les arômes mais aussi les défauts du café s’il y en a ! Suspens…
2ème étape : les grains refroidis sont mis en poudre fine avec une petite machine pour en faire les échantillons.
3ème étape : nous versons 16g de poudre dans chaque tasse avant de la remplir d’eau bouillante à 95°C
4ème étape : après 4 minutes d’infusion, on « casse la croute » qui s’est formée au-dessus à l’aide de deux cuillères…
La dégustation peut alors commencer : on sent, on slurpe pour ceux qui savent, on recrache et enfin on note ce que l’on ressent avec des mots comme acide, sucré, citron…mais Papa et Miguel utilisent une grille très compliquée avec un système de notation en 10 étapes…si bien qu’à la fin il faut donner une note sur 100 pour chaque échantillon. Pour Alexa et les enfants, c’est une première, il est difficile de distinguer les arômes, l’acidité, le corps,…mais ce qui est intéressant, c’est d’entendre ce que les autres ont dit du goût du café ! on compare alors nos ressentis.
Site archéologique de Palenque
Depuis des siècles, le Chiapas est une région très convoitée puisqu’à l’origine le Chiapas fait partie de l’empire Maya dont le cœur est au Guatemala. C’est finalement en 1824 que la région est rattachée au Mexique. De plus, c’est au Chiapas que le mouvement zapatiste a démarré dans les années 80 puis s’est intensifié à partir de 1994 avec la prise de la ville de San Cristobal de las Casas par l’armée révolutionnaire, qui défend les droits des indigènes pour l’amélioration de leurs conditions de vie qui sont bien inférieures au reste du pays. En effet, 1994 est la date d’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange nord-américain qui met en compétition les productions intensives de la Corn Belt (USA) à bas prix avec les productions vivrières des peuples indigènes du Chiapas…
Une grande journée d’excursion commence : après un passage aux cascades d’Agua Azul puis aux chutes d’eau impressionnantes (54 mètres) de Misol-Ha où on s’est bien douchés 😉, nous voilà enfin, après 7h de routes montagneuses dans un minibus ultra rapide (beurrr), devant un des sites plus remarquables de l’empire Maya au Chiapas : Palenque.
Le guide nous explique que plus de 1000 structures ont été érigées sur une période de 1000 ans (entre -100 av J-C et 900) et que la plupart sont encore recouvertes par la forêt tropicale. Nous gravissons la plupart des pyramides pour changer de perspectives et comprendre l’intérêt de l’emplacement de chacune. L’histoire raconte qu’un petit garçon appelé Pakal est devenu roi à l’âge de dix ans. Il aurait vécu 68 ans dans la cité de Palenque (615-683) où il fit construire sa tombe pendant 50 ans !!! La tradition voulait qu’on tue et qu’on enterre les serviteurs du roi à sa mort dans la même tombe et avec ses bijoux comme les colliers d’ambre ! Et pour couronner le tout, un gaz de mercure était dissimulé dans la tombe pour tuer les éventuels pilleurs ! A l’époque les Mayas appelaient leur citée :«Lakam Ha» qui signifie « Grandes Eaux » en référence aux nombreuses sources et cascades présentes sur le site à l’époque.
Nous quittons San Cristobal de las Casas après une semaine de rencontres inoubliables et d’histoires sur la culture Maya. Nous nous dirigeons en bus jusqu’à la frontière avec le Guatemala…
La suite dans le prochain épisode !
Saludos
La Permaculture Family
Le 29 septembre 2018
#3# MEXIQUE, l’épreuve du feu
écrit par Louis, Esteban & Alexa
Mexico City et ses alentours :
Arrivés à l’aéroport de México City, on a récupéré toutes nos valises sauf le sac de Maman qui est resté à l’aéroport de la Havane à Cuba !!! Perdre son sac à dos au bout de 15 jours lorsque l’on commence un tour du monde d’un an…Maman avait tout imaginé sauf ça ! C’est dingue parce que ce sac, elle l’avait préparé, pensé et repensé depuis plusieurs mois. Nous voyageons léger avec quelques affaires alors perdre son sac c’est presque perdre une partie de son identité ☹ et tout d’un coup comme ça, plus rien !!! Même s’il faut rester positif, Maman a une mauvaise impression, celle de ne plus revoir son sac avec tous ses habits fabriqués avec des tissus à Madagascar où nous vivions durant les 3 dernières années…mais même sans son sac (suite dans le prochain article), on doit continuer le voyage car de nouvelles aventures s’annoncent déjà…
Notre première rencontre dans cette mégapole de 12 millions d’habitants fût avec l’équipe du label SPP (Símbolo de Pequeños Productores / Symbole Producteurs Paysans) qui a son siège international dans le quartier de Coyoacán, Mexico City. SPP gagne à être connu car c’est la seule certification indépendante de Commerce Equitable centrée sur les petits producteurs organisés en coopérative en Amérique Latine, Afrique et Asie. Grâce à ce label, les producteurs de café, de cacao, de thé, de jus, d’épices bénéficient d’un prix minimum et d’une prime de développement. Grâce aux partenariats entre les coopératives et les acheteurs certifiés SPP comme la Scop Ethiquable (où Papa travaille 😉), les paysans peuvent vivre dignement de leur travail, nourrir leur famille et continuer d’investir dans leurs parcelles. Lors de la réunion avec l’équipe SPP, on a appris beaucoup de choses sur le commerce équitable qui est déjà le domaine de Papa et qui nous transmet sa vision du monde 😊.
Plus d’info sur la label SPP, visitez https://spp.coop/?lang=fr
Le deuxième jour, dans le quartier de Coyoacán, nous sommes allés visiter le musée Frida KAHLO qui est une artiste peintre mexicaine très célèbre (1907-1954). A six ans, sa jambe droite ne grandissait plus à cause d’une poliomyélite, ensuite à 18 ans, elle a eu un grave accident de bus : « elle était dans un bus et tout d’un coup le choc… le bus a percuté un tramway. Une barre en métal a transpercé son ventre ». A cause de cet accident, elle ne pourra plus avoir d’enfant et il lui fallait un corset pour tenir debout. Au lieu d’être malheureuse de tout cela, elle devint peintre, et même une peintre très célèbre !! Elle a transformé sa douleur en quelque chose de merveilleux. Ses œuvres sur son désir d’enfant, son accident, sa maladie lui ont donné une force sublime, c’est la sublimation de la douleur.
Un autre jour, nous sommes allés visiter le célèbre site archéologique de Teotihuacán à 1 heure de Mexico City. La cité fût construite en 200 avant J-C. Malgré des recherches scientifiques poussées, des doutes subsistent encore sur l’origine des habitants de l’époque. Le nom de Teotihuacan est nahuatl, car il a été donné par les Aztèques plusieurs siècles après la chute de la ville vers 500 après J-C. Avec 200 000 habitants, Teotihuacan était à l’époque la plus grande ville d’Amérique et même du monde ! Nous avons réalisé les ascensions des deux pyramides, celle du Soleil et celle de la Lune qui dominent le site. La vue y est vraiment impressionnante. A couper le souffle ! La visite du musée nous a aussi donné beaucoup de détails sur la vie de ce peuple.
Voilà pour Mexico et ses alentours ! La suite du Mexique prochainement
Saludos
Louis, Esteban & Alexa
écrit par Louis, Esteban & Alexa
Le 24 septembre 2018,
La Havane
Arrivés de nuit dans la Havane, la capitale de Cuba, premier constat, tout le monde à l’électricité et l’eau ! Notre hôte nous explique qu’ici les gens ne sont pas pauvres, car tout se partage, c’est le système du troc qui prédomine. A la Havane, il n’y a presque pas de magasins ! mais il y a beaucoup de restaurants pour les touristes. On a vu la place de la Révolution. Les Cubains se sont révoltés en 1958 contre les Américains et ces derniers ont quitté Cuba en imposant un embargo sans précédent. Cette année, c’est le 60ème anniversaire !
Vinales (Ouest Cuba)
A Vinalès, des gens nous ont prêté une maison avec une super terrasse où nous avons pu faire les devoirs (3 heures par jour environ). Nous avons envie de faire des activités avec les gens du pays ! On a fait une ballade en cheval qui marchait dans la boue en pleine descente, on a bien cru tomber. Le jus de citron est glacé et sucré, un pur délice ! Il fait très chaud et il pleut souvent en fin d’après-midi.
Sancti Spiritus (Centre Cuba)
Finca del medio (qui veut dire “ferme du milieu”, c’est-à-dire située au centre de Cuba)
Sur l’autoroute, le taxi collectif s’arrête brutalement ! Un homme sur une charrette tirée par deux chevaux nous attend. Il nous conduit à la finca del medio et là, nous basculons dans une autre époque sans wifi 😊. Nous suivons le rythme de la ferme : la traite des vaches très tôt le matin à 6h15, on met le lait tiré du pie encore chaud dans la tasse de café et ça fait un capuccino…
La finca del medio est très connue à Cuba !!! La famille est arrivée ici il y a 25 ans, la ferme était déserte, complètement surexploitée par la culture conventionnelle de tabac avec des produits chimiques mais en travaillant en permaculture, la ferme est maintenant toute verte. Tous les animaux de la ferme sont en liberté : les chevaux, les vaches (qui ne seront pas tuées !), les poules jouent avec les vaches…la paix est maîtresse des lieux. Coupés du monde, nous suivons le rythme de la nature. Nous échangeons avec José Antonio, dit Casimiro, le maitre des lieux. Avec sa femme et ses 3 enfants, ils ont 10 hectares de cultures (riz, manioc, bananes, oranges,…), 15 vaches et leurs veaux, 30 lapins, des chiens et même des grenouilles qui rentrent dans notre chambre et qui nous sautent dessus en pleine nuit…horrible ! et même un serpent qui mange une grenouille sous nos yeux ! Pas croyable !
La ferme est autonome à 100% : ils ont construit un biodigesteur alimenté quotidiennement par de la bouse de vache (150 kg). Après fermentation, on récupère du biogaz pour faire la cuisine, alimenter les frigos et même chauffer l’eau de la douche ! Une éolienne permet aussi de faire monter l’eau du puits creusé à 40 mètres.
En fin d’après midi, tout le monde se baigne dans le bassin naturel au milieu des poissons ! Dingue ! mais il y a aussi des temps bien plus calmes où les femmes lavent le linge dans une machine qui a 40 ans et qui vient de Russie. Face à notre regard ahuri, les filles de la ferme rigolent. Pendant ce temps, le fils du patriarche emmène les deux petits garçons de la ferme à l’école en charrette !!
Ici pas de voiture, la famille de Casimiro souhaite une autre vie que celle du monde dit moderne : les animaux, la paix, la nature, les légumes du jardin. Le maitre de la Finca est connu dans le monde pour son savoir en permaculture. Lui et sa fille Leidy, Docteur en Agroécologie (la première et la seule à Cuba !) partent bientôt en Italie pour réaliser une conférence sur la nourriture bio au salon international SLOWFOOD.
Esteban fait du cheval tout seul sans selle, c’est la première fois et on n’en revient pas ! Il en fait aussi avec son nouvel ami, Dario, le petit fils qui a le même âge que lui. On a ramassé du café pendant toute une matinée : on devait ramasser le café rouge et jaune; le café vert, il ne faut surtout pas le ramasser !!
Nous avons quitté la Finca del medio dans une charrette qui nous a ramené dans le monde réel sur l’autoroute…Nous garderons la famille Casimiro dans notre cœur, c’est notre première expérience permaculturelle. Nous sommes conquis, nous validons et poursuivons notre route.
Trinidad (Côte Caraïbe)
Les rues sont colorées, pas de route mais des pavés et de la terre en guise de chemin, les hommes sont sur des chevaux, pas de voitures ! Là aussi, pas de wifi. On a l’impression d’être dans un western, dans une autre époque…
Nous cherchons la mer et découvrons émerveillés un lagon turquoise. Un pêcheur nous attend sur les rochers et c’est parti pour 2 heures de plongée et de chasse sous-marine. Nous voilà dans le grand bleu à plus de 10 mètres de fond !! En rentrant de la plongée, nous grillons les poissons que nous avons péchés, un pur délice ! Nous avons trempé nos pieds dans une piscine naturelle…ça rafraîchit !! Après 20 minutes de baignade, le taxi vient nous chercher, nous disons aurevoir à cet endroit merveilleux…
Retour à la Havane et départ pour le Mexique :
Nous rejoignons la capitale pour une dernière nuit à Cuba. On profite encore des bons jus de citron et des pâtes pour notre dernier repas. Lundi 24 septembre à midi, nous arrivons à l’aéroport José Marti bien à l’avance pour récupérer le drone que la douane cubaine nous avait confisquée. Après 2 heures d’attente, l’embarquement commence…toujours pas de drone ! A la dernière minute, un douanier arrive et remet le drone à Papa…ouf !
Notre avion décolle. Au revoir Cuba, en route vers le Mexique !!!
Hasta luego,
Louis, Esteban & Alexa (membres actifs de la permaculture family)