Le 16 juillet 2019,
#32# MONGOLIE, vivre avec les éleveurs nomades
Сайн байна уу,(Bonjour en Mongole)
Passés les 2 jours de fêtes du Naadam, nous prenons le bus pour continuer plus loin dans les steppes reculées de l’Ouest dans la vallée de l’Arkhangaï.
Le yack dans tous ses états
Nous sommes accueillis par le comptable de l’association « Baby Yack » qui travaille depuis 20 ans avec l’ONG française AVSF (Agronomes & Vétérinaires Sans Frontière). Il nous emmène dans son camion à travers les plaines et les montagnes. Quelques heures plus tard, nous arrivons enfin chez notre hôte, une famille nomade, des éleveurs de yacks, de chevaux, moutons et chèvres. Pendant quelques jours, nous allons partager les activités quotidiennes du couple et de leurs 3 enfants. Notre niveau de mongol est très limité mais la gestuelle et les mimiques suffisent pour communiquer et exprimer les besoins primaires. En quelques minutes, les enfants prennent par la main Louis & Esteban. Très vite, ils explorent tous ensemble les alentours dont la rivière qui serpente la plaine où s’abreuve le bétail. Le paysage est idyllique. Deux yourtes dans cette immensité verdoyante entourée de montagnes encore coiffées de conifères.
Premier réflexe à notre arrivée, où allons-nous dormir ? Evidemment dans une yourte 😉 mais laquelle ? dans la 1ère, nous sommes invités à boire du lait de yack fermenté et salé…gloups !?! C’est surprenant au début, on s’habitue au bout de quelques minutes car il faut finir la grande tasse ! Il y a déjà beaucoup de monde ici. Allons voir dans la 2ème : ici, trois enfants sautent sur des lits, ce sont ceux du frère de notre hôte et de sa femme venus de Oulan Bator passer le Naadam en famille. Très bien, l’ambiance est bonne mais dans notre tête, on se demande bien où l’on va dormir cette nuit. On se dit qu’il faudra sûrement partager la yourte avec l’autre famille mais 3 petits lits pour 4 adultes et 6 enfants ça va faire juste !!! Au même moment, un grand homme rentre dans la yourte et nous fait signe de sortir. Il vient d’arriver en mini camion avec une yourte en kit. On comprend vite que l’activité de cet fin d’après midi sera de monter notre propre logis tous ensemble. Plutôt ludique et très instructif, on dispose la structure puis on l’assemble avec la porte, ensuite il faut mettre plusieurs couches de peaux de moutons serrées les unes contre les autres. Une bâche en plastique pour protéger de la pluie puis pour terminer un tissu très épais. On fixe le toit amovible puis on consolide le tout et le tour est joué ! 1h30 à 4 personnes 😉. On installera des planches en bois surélevées par des gentes de voitures avec deux épais tapis pour les lits. Et hop ! Malheureusement pas de poêle à bois prévu pour cette première nuit qui fût bien fraîche : 7°C au petit matin ! même en sac de couchage, c’est limite.
Tout de suite après, on enchaine sur les activités quotidiennes : la traite des yacks ! Le couple s’approche du troupeau de ces petites vaches préhistoriques très rustiques mais qui se laissent approcher facilement. Monsieur prend tout de même la précaution d’attacher les pattes de devant de chaque animal avant que Madame passe à la traite manuelle assise sur son petit tabouret. Deux à trois litres par animal à chaque traite à raison de 3 traites par jour. Avec leur troupeau de 30 têtes, le couple a largement de quoi se nourrir au quotidien, de valoriser le lait en produits transformés et d’en vendre aux collecteurs locaux.
La famille nous invite à prendre part à toutes les activités de transformation du lait. Encore très instructif, on ne soupçonnait pas autant de variétés : lait salé, yaourt, crème fraîche, galettes de lait séché découpé en tranche, pâtisserie à la douille sucrées ou salées séchées au soleil, et pour finir l’alcool local à base de lait fermenté de yacks. Il faut commencer par chauffer du yaourt puis installer par-dessus un alambic artisanal redoutablement efficace qui en quelques minutes seulement produit via un petit tuyau l’alcool précieux appelé arkhi à 17° que beaucoup d’autochtones appellent la vodka mongole et qui est beaucoup plus abordable que son homologue russe ! D’autres activités ravissent les enfants comme le « dégomme buchette » une version revisitée du chamboule-tout 🙂 mais aussi la « corvée » d’eau : remplir des bidons à la rivière et les tracter sur un chariot roulant.
La vie sous la yourte ! Si on passe beaucoup de temps dehors, il se passe aussi des choses sous la yourte. Les repas sont composés essentiellement de produits laitiers en tout genre : thé au lait, crème fraîche sur pain complet, gâteaux de lait séché, yaourts, …et de viande de mouton et de chèvre grillée ou en sauce. Mum délicieux ! Mieux vaut ne pas être végétarien 😉 ! Les nuits sont fraîches et à partir de la 2ème nuit, nous avons bénéficié d’un poêle qu’il faut alimenter jusqu’au dernier souffle. La chaleur se propage vite et réchauffe les cœurs. Tout le monde s’endort dans son petit cocon au fond de son sac de couchage !
Ah oui et on finit par poser la question à un moment : comment ça se passe pour la douche et les toilettes. Pas vraiment de réponse claire ! On comprend qu’il faut libérer son esprit et faire confiance à la nature. On aperçoit 3 planches à 50 mètres de la yourte au milieu des troupeaux. Un endroit idyllique pour y déposer le futur compost des charmantes steppes de Mongolie. Une harmonie avec la nature sans précédent. Fabuleux !
Portraits : nous passons beaucoup de temps avec les membres de la famille, à travailler, à communiquer, à rigoler, à se surprendre, l’occasion de portraits touchants cristallisés pour l’éternité. La famille nous prête pour l’occasion des habits traditionnels précieusement gardés pour les amis de passage 😉.
Après 3 jours intenses, nous quittons très émus notre famille d’accueil pour se rendre un peu plus loin encore chez une autre famille près de Tsetserleg. A peine arrivés au camp, on enchaine sur les activités quotidiennes : la traite des juments ! Plutôt intrigué, on ne doit pas s’approcher trop prêts des juments et des poulains rendus très fougueux pour cet exercice périlleux qui ont déjà laissés des traces à sa propriétaire. Madame réalise la traite, le seau en équilibre entre les genoux fléchis sans s’asseoir pendant que Monsieur retient le poulain et rassure la jument. Le jeu en vaut la chandelle puisque le couple vend le lait à plus d’un euro le litre, un très bon prix à des collecteurs locaux qui se déplacent en voiture depuis le village.
Ici, des centaines de chevaux galopent dans les prairies, certains sauvages et d’autres montés. C’est l’occasion pour Louis et Esteban de reprendre l’exercice. Accompagnés par les enfants, ils partent en promenade à travers les rivières. Un moment magique qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Autre activité : la coupe du bois pour chauffer le repas mais aussi la yourte pendant la nuit. Louis et Esteban se sont essayés dans l’art de la découpe des buchettes. Rien de sert d’y mettre de la force, il faut être juste et précis ! Une bonne leçon à retenir pour économiser son énergie 😉.
Outre les différents travaux de la ferme, il faut regrouper tous les troupeaux dans des parcs juste avant la nuit tombée. C’est l’occasion de pouvoir observer les animaux de près et de les toucher. Ainsi Esteban a expérimenté l’insolite monté de chèvre avec son complice qui aimait bien faire les 400 coups !
Beaucoup d’émotions encore au moment de quitter la famille. Merci à eux ! Nous prenons un bus depuis le petit village direction retour à la capitale Oulan Bator. Nous y passerons les 2 derniers jours à savourer les derniers moments dont un spectacle artistique incroyable au théâtre national mêlant opéra, contorsionnistes, danses et l’incroyable chant khoomei composé entre autres d’un bourdon grave de la gorge sorti des abysses 😉.
Merci à toi, Mongolie. Merci à vous, les Mongoles qui nous ont excellemment bien reçu durant ces 2 semaines.
La suite des aventures de la Permaculture Family en France dans le prochain épisode !!!!!!!!!!!
Et oui la Mongolie était le dernier pays de cette tournée mondiale 2018-2019.
N’hésitez pas à laisser vos commentaires,
See you,
La Permaculture Family
Le 8 juillet 2019
#31# MONGOLIE, le Naadam, la fête nationale haute en couleur
Hello 😊
Demain, notre visa de la Chine expire. Quelques jours auparavant, nous souhaitions emprunter le célèbre transmogolien entre Pékin et Oulan Bator, la capitale de la Mongolie. Mais c’est bientôt la fête nationale mongole, le Naadam et les trains ont été pris d’assaut même les trains ordinaires en couchette dure comme on dit ici 😉. Il faut trouver une solution rapidement pour sortir de Chine, sinon il faudra payer une taxe pour chaque jour de dépassement et sûrement beaucoup de tracas à la frontière…
Comme dans les autres pays, on se dit qu’il y aurait sûrement un bus qui part vers la frontière même si personne n’en parle sur internet ou dans les hôtels pékinois ! Rendez vous donc à la gare routière. Bingo ! Il y a effectivement un bus couchette de nuit qui part à 19h ce soir. Ni une ni deux, nous achetons les tickets. A peine le temps d’avaler nos dernières nouilles chinoises, on s’installe dans les couchettes. L’ambiance est bonne 😊. Nous faisons la connaissance de Eléonore, une jeune française diplômée, qui vient passer 3 semaines à cheval en Mongolie. Elle s’élancera seule avec son étalon à travers les steppes les jours suivants. La promiscuité est toujours de mise dans le bus couchette entre les ronflements et la lumière et le son des films de guerre sur les smartphones de nos voisins.
Au petit matin, nous arrivons sur un parking désaffecté à Erlian. A peine descendus du bus, un automobiliste mongol charge les bagages dans son coffre. Il nous emmène jusqu’à la frontière chinoise. Tout se passe bien dans une ambiance décontractée dans les locaux ultra modernes. Nous sommes les seuls étrangers au poste à cette heure-là ! Puis notre chauffeur nous transfert vers la frontière mongole, la route se transforme alors en un champ de bataille. Aucune indication pour entrer dans les bureaux défraichis, nous sommes passés dans un autre monde. « Welcome in Mongolia » nous murmure la policière mongole avec un joli sourire 😉.
Notre chauffeur nous dépose sur un parking de la petite ville de Zamiin-Uud. Comme tombée du ciel, une autre dame arrive en mini van. Après une rapide négociation, nous voilà partis pour 750 km à travers la steppe mongole et le désert de Gobi pour rejoindre Oulan Bator. Rapidement, le paysage est à couper le souffle. On avale les km et toujours le même relief, des plaines plus ou moins sèches à perte de vue avec des yourtes par ci par là. A la pause déjeuner, c’est mouton grillé au barbecue sur le bord de la route. Un délice 😊. Vers 21h, nous rentrons enfin dans la capitale, déjà très développée avec ses grappes d’immeubles modernes. Ça tranche avec les étendues désertiques de la journée.
Oulan Bator, 50% de la population du pays !
Oulan Bator ou Ulaan Baatar, depuis le temps qu’on en entendait parler ! On y est enfin 😉 ! Charmante capitale, tranquille en comparaison avec les mégalopoles chinoises évidemment. Plus de 50% de la population du pays y vit désormais, une accélération ces dernières années dû à un exode rural en explosion. De nombreuses familles mongoles abandonnent le nomadisme, faute de ressources suffisantes et viennent s’agglutiner en plantant leurs yourtes à la périphérie de la capitale en quête d’un travail.
Nous déambulons dans la ville. Ici tout se fait à pied car les distances sont courtes. Place Gendis Khan, le fondateur de l’empire mongol qui – rappelons-le – reste le plus grand empire de l’histoire de l’humanité en 1266 avec une superficie de 33 millions de km carré de la Corée jusqu’en Grèce !!! Oui oui jusqu’en Europe ! Le musée en est très fier !
Nous rencontrons aussi Oyuna, la représentante des coopératives d’éleveurs de yacks et chèvres soutenues par l’ONG française Agronomes & Vétérinaires Sans Frontière (AVSF). En quelques minutes, elle nous concocte un programme chez l’habitant pour vivre au plus près des éleveurs. Nous serons hébergés dans 3 familles durant 10 jours.
Le Naadam à Khorkhorin, l’ancienne capitale
Le Naadam, c’est quoi ? C’est l’abréviation de Eriin gurvan naadam (mongol : ᠡᠷᠡ ᠶᠢᠨ ᠭᠤᠷᠪᠠᠨ ᠨᠠᠭᠠᠳᠤᠮ, cyrillique : Эрийн гурван наадам, « Trois jeux virils »). C’est un festival composé de 3 sports : la course de chevaux, le tir à l’arc et la lutte mongole qui a lieu chaque année les 11 et 12 juillet, ce qui correspond également à la fête nationale qui célèbre l’indépendance de la Mongolie par rapport à la Chine (en 1921).
Nous passerons ces 2 jours de fête extraordinaires à Khorkhorin, l’ancienne capitale du pays. Nous sommes hébergés chez Nasa et Gerel, un charmant couple qui dispose d’un camp de yourte en bordure du village à quelques centaines de mètres des lieux de festivités. Nous participons à la vie de famille : préparation des repas à base de lait et de viande de yacks, jeux plein air avec les enfants, coupe du bois, promenades dans la steppe aux alentours, moments de complicité avec les jeunes enfants curieux…Merci beaucoup pour leur accueil !
Naadam : jour 1. Plusieurs heures de cérémonies d’ouverture très colorées, des discours, des chants, des défilés artistiques des jeunes sous le regard bienveillant des anciens. Les habits traditionnels se font concurrence pour le plaisir des locaux et des nombreux touristes internationaux venus spécialement pour l’occasion.
1ère épreuve : la course de cheval. Ce sont les enfants âgés de 8 à 14 ans qui participent à cette course mythique sur une distance époustouflante de 12 km. Tous aussi fiers les uns que les autres, ces jeunes cavaliers manient incroyablement leur monture du bout des doigts comme une extension de leur corps. Des centaines de chevaux dans un ballet éblouissant.
2ème épreuve : le tir à l’arc. L’épreuve consiste à viser un monticule de boite en métal à une distance de 75 mètres ! Concentration maximum dans son habit coloré, l’archer vise et perce le mur métallique d’une seule flèche sans broncher ! Un très beau spectacle auquel les femmes sont autorisées à participer depuis quelques années seulement. Tant mieux car le Naadam qui signifie jeux virils était exclusivement réservé aux hommes depuis sa création en 1207 par Gengis Khan, le père fondateur de la Mongolie.
3ème épreuve : la lutte mongole. Sûrement le sport le plus impressionnant puisque dépourvu d’accessoire. Chacun des combattants ne dispose que d’un simple slip renforcé et de manchettes raccordées dans le dos, bout de tissu très coloré bleu ou rouge. Le but consiste à obliger son adversaire à mettre un genou, le dos ou le postérieur au sol en utilisant n’importe lequel des mouvements traditionnels. Incroyable 😉
Le Naadam, c’est aussi l’occasion pour chacun de se parer de ses plus beaux vêtements. Les femmes, les hommes, les jeunes et les enfants, tous plus fiers les uns que les autres. De très beaux portraits réalisés dans une ambiance festive.
La suite des aventures de la Permaculture Family chez les éleveurs de yacks à l’Ouest de la Mongolie dans le prochain épisode.
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See you,
La Permaculture Family